LE RETOUR EN GRACE DES FONDS GARANTIS

Les fonds garantis et à formule sont les seuls produits à trouver un écho favorable auprès du grand public. Mais la protection en capital n’est pas systématique et peut être coûteuse.

Par Rachel MONTERO    LA TRIBUNE, 7, 8, 9 janvier 2011

Les marchés actions n’ont toujours pas retrouvé grâce auprès de la clientèle des particuliers, échaudés par une crise financière qui n’a de cesse de s’éterniser. Après un net rebond en 2009, les marchés actions ont en effet adopté un profil chaotique en 2010 faisant par moment craindre le pire. Parallèlement, les niveaux d’intérêt qui demeurent durablement bas et la rémunération déclinante des livres bancaires et des contrats d’assurance vie en euros réduisent nettement les opportunités d’investissement.

 Cette situation explique les succès des produits garantis auprès du grand public, la collecte l’an dernier sur certains produits offerts par les grands réseaux bancaires ayant été très élevée. L’avantage des ces fonds est qu’ils permettent de bénéficier de la hausse des marchés actions, tout en offrant une garantie sur le capital investi qui peut être, selon les cas, partielle ou totale. Le Moment serait d’ailleurs particulièrement propice car en effet la plupart des spécialistes préconisent d’investir en 2011 sur les marchés actions notamment sur ceux de la zone euro car les cours sont bas et le potentiel de hausse important.

 S’ils séduisent les particuliers, les fonds garantis ne constituent cependant pas un produit miracle. En effet, la garantie est consentie au détriment d’une partie de la hausse des cours et de l’intégralité des dividendes attachés aux actions. Par ailleurs, la garantie n’est offerte qu’à l’échéance du produit qui peut varier selon les cas entre 3 et 8 ans. Enfin, dernière contrainte, ces produits sont souvent assez coûteux en termes de frais.

 DES FONDS A FORMULE COMPLEXES

Les fonds garantis ne sont pas les seuls à offrir une garantie en capital, les fonds à formule souvent associés abusivement aux fonds garantis affichent les mêmes propriétés et les mêmes contraintes à la différence près que la garantie est conditionnée à un scénario d’évolution des marchés. Ces produits peuvent s’avérer ainsi complexes à comprendre pour les particuliers. Ils ont de ce fait donné lieu à des contentieux car certains ont été vendus dans le passé comme des fonds garantis à des particuliers peu avertis.

 La garantie n’est offerte qu’à l’échéance du produit qui peut varier selon les cas entre 3 et 8 ans.

 Une situation qui a tendance toutefois à évoluer grâce aux actions de formation mises en œuvre au sein des réseaux bancaires, qui précèdent maintenant chaque campagne de vente. « Nous sommes très attentifs à l’explication du mécanisme, le client doit comprendre comment son produit va réagir, les conseillers reçoivent une formation au préalable afin de s’approprier chaque nouvelle offre » explique Jacky RIOLLIER, directeur marketing opérationnel de la direction réseaux Natexis Asset Management. Et les nouvelles offres proposées sont légions face au succès de ces produits.

 Tous les trois mois environ de nouvelles campagnes de marketing sont menées par les grands réseaux bancaires afin de proposer des produits qui peuvent s’avérer alléchant pour le grand public à la recherche de rendements, sans risque de perte en capital.

 HELENE FERON-POLONI

AVOCATE ASSOCIEE AU CABINET LECOQ VALLON & ASSOCIES

 Produits garantis et fonds à formule : « Il faut bien se renseigner sur leur nature ».

 L’avocate Hélène FERON-POLONI, insiste sur la nécessité de s’informer le plus possible.

Quels conseils donneriez-vous à un particulier avant de souscrire un produit garanti ou à formule ?

 Les fonds garantis et les fonds à formule reposent sur des techniques financières complexes. Les particuliers n’ont comme solution que de se reporter au document publicitaire, surtout au tableau des avantages et des risques, qui accompagne souvent la vente. Il faut bien se renseigner sur la nature du produit. Les frais généralement élevés, doivent également être attentivement examinés. Ces informations figurent dans le « prospectus AMF ».

Il y a eu beaucoup de contentieux sur des fonds à formule, est-ce toujours le cas ?

 Les fonds à formule ont suscité beaucoup de contentieux car ils sont été distribués par des réseaux sans beaucoup de discernement, le produit Bénéfic de la Poste ou encore Ecureuil Europe des Caisses d’Epargne a donné lieu à de nombreuse actions en justice qui ont été tranchées généralement en faveur des plaignants. Plus récemment, plusieurs contentieux sont apparus sur des produits distribués via l’assurance-vie comme Memoris et Octéis ou par la Caisse d’Epargne comme Doublo, produit qui pouvait faire croire à un doublement du capital investi. Aujourd’hui, les recours sont facilités grâce à la directive marchés instruments financiers (MIF).

Quelles sont les nouvelles obligations en matière de commercialisation ?

 La MIF a instauré des règles de bonne conduite. Les distributeurs de produits financiers doivent avoir un contact direct avec leurs clients et prospects et déterminer le profil de chaque investisseur, sa connaissance des marchés, des produits financiers et ses objectifs. Il doit adapter en fonction sa proposition de produits. Sinon des recours sont possibles.

 Propos recueillis  par Rachel MONTERO